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21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 00:44

Je suis sûre que tu as un bon fond. Tes yeux, tes attitudes me le disent. Je le vois à la flamme inquiète de ton regard quand tu te fais souci pour quelqu'un. Souvent, tu poses ton poing sur ta hanche et tu appuies ton épaule sur l'embrasure de la porte, le regard pensif. Tu es perfectionniste, tu veux faire les choses au mieux. Sans doute as-tu été recrutée pour ça. En fait, au fond, tu voudrais que tout aille bien, tout le temps, pour tout le monde.Tu ne cherches de poux à personne. Seule ton hygiène maniaque et tes gestes un peu apprêtés en agacent certains mais dans l'ensemble, tu ne t'en prendrais pas à ton prochain. Tu n'as pas de raisons de le faire. Pas de bol, parfois des gens méchants nous entourent. Eux ne se privent pas de faire du zèle. Ils ne se préoccupent absolument pas d'être respectueux et encore moins de ne pas blesser. Ils blessent. Personne ne les arrête. Ils sont scandaleusement impunis. Aujourd'hui, ils ont décidé de s'en prendre à moi. Avant moi, il y en a eu d'autres et après moi, il y en aura d'autres aussi.

J'ai un besoin désespéré que tu témoignes en ma faveur. Qu'au lieu de me dire tout bas ce que tu penses, tu l'écrives, tu le signes et que tu l'envoies. Que tu assumes.

D'un coup je ne te vois plus. Tu n'es jamais là quand je rentre au bureau. Tu évites de me croiser. Quand je t'adresse la parole, il y a toujours quelqu'un à portée d'oreille. Tu es très affairée. Il te faut faire l'inventaire de la trousse de secours et aussi recharger les téléphones, acheter les tickets de bateau pour dans dix jours, changer le ballon d'eau, lire le dernier rapport d'Amnesty International, acheter des goyaves (c'est la saison, dis-tu), désinfecter la maison, trier les stylos qui marchent de ceux qui ne marchent pas...

Subitement, il n'y a plus de soirées dans la maison. Un silence de mort règne quand je m'installe à un ordinateur. Je sens bien que quelque chose se trame. Un jour je te vois sortir du bureau avec ton gros trousseau de clés. Je t'emboite le pas. Entre la dernière porte que tu fermes et la première que tu ouvres pour passer au salon, il devrait s'écouler une minute ou deux tant les clés sont nombreuses et les protocoles complexes. Je t'attrape par l'épaule et tu es bien obligée de répondre. Tu as les yeux baissés, le pavé de la cour semble te fasciner au plus haut point, tout comme la clé du portail que tu cherches en farfouillant frénétiquement dans tes trousseaux qui cliquètent. Alors tant pis, je te tiens par l'épaule. Tu ne te dégages pas. Je te dis enfin, s'il te plaît, peux-tu coucher tes observations par écrit et les envoyer au coordinateur ? Pour moi ? Tu trouves enfin la clé et tu me marmonnes que tu n'auras sûrement pas le temps et tu tournes les talons.

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